Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/245

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parfaite : c’étaient vingt-deux lettres inédites de Sophie à M. et à Mme Bélanger, sauvées et retrouvées.

Les Mémoires de Sophie, — ils ne vont malheureusement, ces Mémoires, que de sa naissance à son enlèvement, — ont pour nous la même authenticité historique. Il ne leur manque que la preuve des lettres, la preuve autographe. Mais c’est le tour et l’esprit de Sophie Arnould, et son ton et son accent. Cette voix même un peu enflée, ces parures de roman qu’elle donne à sa jeunesse, ce rehaussement de sa famille, cette allure moins libre et se guindant devant le public de sa vie, n’est-ce pas le caractère et le goût propre des mémoires d’une comédienne qui se confesse ? Sophie n’affiche-t-elle pas, dans une lettre à Lauraguais, de l’an VII, donnée dans ce volume, l’intention d’écrire l’histoire de ses amours ? Et si ces mémoires étaient fabriqués, pourquoi s’arrêteraient-ils en chemin ? Toutefois,