Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/285

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déclassés, de déchus, d’épaves, selon l’expression japonaise.

Mais Kuranosuké, le premier conseiller du daimio et quarante-six des samuraï attachés à son service, avaient fait le serment de venger leur maître. Et le serment prononcé, ces hommes, pour endormir les défiances de Kotsuké qui les faisait surveiller par ses espions à Kioto, se séparèrent et se rendirent dans d’autres villes, sous des déguisements de professions mécaniques.

Kuranosuké fit mieux pour tromper Kotsuké. Il simula la débauche, l’ivrognerie, à ce point, qu’un homme de Satzuma, le trouvant étendu dans un ruisseau, à la porte d’une maison de thé, et le croyant ivre-mort, lui cria : « Oh ! le misérable, indigne du nom de Samouraï, qui, au lieu de venger son maître, se livre aux femmes, au vin ! » Et l’homme de Satzuma, en lui disant cela, le poussait du pied et urinait sur sa