Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/29

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Au fond, la grande faiblesse du livre, veut-on la savoir ? la voici : quand nous l’avons écrit, nous n’avions pas encore la vision directe de l’humanité, la vision sans souvenirs et réminiscences aucunes d’une humanité apprise dans les livres. Et cette vision directe, c’est ce qui fait pour moi le romancier original.

Tous ces défauts, je suis le premier à les reconnaître, mais aussi que de manières de voir, de systèmes, d’idées en faveur, à l’heure présente, auprès de l’attention publique, commencent à prendre voix, à balbutier dans ce méchant petit volume. On y rencontre et du déterminisme et du pessimisme, et voire même du japonisme.

Non vraiment, on ne peut nier aux auteurs un certain flair des goûts futurs de la pensée et de l’esprit français, en incubation dans l’air. Et, pressentiment bizarre, l’héroïne de ce livre se trouve être une espionne prussienne !