Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/48

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de nous, autour de nous, et qui semblait ne devoir finir qu’avec nous. Et jamais nous ne la reverrons ! Ce qui remue dans l’appartement, ce n’est plus elle ; ce qui nous dira bonjour le matin, en entrant dans notre chambre, ce ne sera plus elle ! Grand déchirement, grand changement dans notre vie, et qui nous semble, je ne sais pourquoi, une de ces coupures solennelles de l’existence où, comme dit Byron, les destins changent de chevaux.

Dimanche 17 août. — Ce matin, nous devons faire toutes les tristes démarches. Il faut retourner à l’hôpital, rentrer dans cette salle d’admission, où, sur le fauteuil contre le guichet, il me semble revoir le spectre de la maigre créature que j’y ai assise, il n’y a pas huit jours. « Voulez-vous reconnaître le corps ? » me jette d’une voix dure le garçon. Nous allo