Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/71

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la beauté, une étude pareille à celle que la nouvelle école vient de faire, en ces dernières années, de la laideur.

Mais pourquoi, me dira-t-on, ne l’avez-vous pas fait, ce roman ? ne l’avez-vous pas au moins tenté. Ah ! voilà… Nous avons commencé, nous, par la canaille, parce que la femme et l’homme du peuple, plus rapprochés de la nature et de la sauvagerie, sont des créatures simples et peu compliquées, tandis que le Parisien et la Parisienne de la société, ces civilisés excessifs, dont l’originalité tranchée est faite toute de nuances, toute de demi-teintes, toute de ces riens insaisissables, pareils aux riens coquets et neutres avec lesquels se façonne le caractère d’une toilette distinguée de femme, demandent des années pour qu’on les perce, pour qu’on les sache, pour qu’on les attrape, — et le romancier du plus grand génie, croyez-le bien, ne les devinera jamais, ces gens de salon, avec les