Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/81

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littéraires arrivant, hélas ! aux romanciers qui ont soixante ans sonnés.

Je me suis appliqué à rendre le joli et le distingué de mon sujet et j’ai travaillé à créer de la réalité élégante ; toutefois — et là était peut-être le gros succès, — je n’ai pu me résoudre à faire de ma jeune fille l’individu non humain, la créature insexuelle, abstraite, mensongèrement idéale des romans chic d’hier et d’aujourd’hui.

On trouvera bien certainement la fabulation de CHÉRIE manquant d’incidents, de péripéties, d’intrigue. Pour mon compte, je trouve qu’il y en a encore trop. S’il m’était donné de redevenir plus jeune de quelques années, je voudrais faire des romans sans plus de complications que la plupart des drames intimes de l’existence, des amours finissant sans plus de suicides que les amours que nous avons tous traversés ; et la mort, cette mort que j’emploie