Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/86

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suer à grosses gouttes, prendre à tâche, tourner la cervelle, chercher chicane, avoir l’air consterné, etc., etc., et presque toutes les locutions qu’ils emploient journellement, étaient d’abominables néologismes en l’année 1750.

Puis toujours, toujours, ce romancier écrira en vue de ceux qui ont le goût le plus précieux, le plus raffiné de la prose française, et de la prose française de l’heure actuelle, et toujours il s’appliquera à mettre dans ce qu’il écrit cet indéfinissable exquis et charmeur, que la plus intelligente traduction ne peut jamais faire passer dans une autre langue.

Quant à écrire, selon la recommandation de mon ami, M. Taine, en faveur du Suédois ou du Canadien[1], qui sait aux trois quarts le français ou l’a oublié à moitié, je ne ferai pas à cette théorie l

  1. Lettre de M. Taine, publiée dans l’ÉVÉNEMENT du 7 octobre 1883.