Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/104

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Aux vitrines, les lithographies pleines de meurtres, de femmes renversées par terre, de mares de sang, de lumières de coups de pistolets, de malédictions paternelles, s’étouffaient l’une l’autre. Ces lithographies étaient d’un faire féroce. Elles étaient plus hautes en couleur, et plus énergiquement crayonnées, et plus tirant l’œil les unes que les autres : on aurait dit des saltimbanques qui se disputent la foule à renfort de tapage. — Édouard Ourliac fit son entrée dans le monde littéraire à coups de lithographies ; la première annonçait l’Archevêque et la Protestante (1832) ; celle qui suivit, Jeanne la Noire (1833). L’éditeur était Lachapelle, cet audacieux d’alors qui imprimait à peu près tout ce qu’on lui apportait, à la condition qu’on lui donnerait gratis un second roman, si le premier faisait son bout de chemin. Madame Cardinal, de la rue des Canettes, la bibliothécaire du roman moderne, vous dira qu’Ourliac lui recommandait de passer sous silence ces deux péchés de jeunesse, à qui lui demanderait son œuvre.

La voie d’Ourliac, Balzac l’a définie d’un mot : Ourliac retournait l’ironie de Candide contre la