Aller au contenu

Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui dit que Vielleux avait très-mal agi, en abusant de l'argent qu'il lui avait confié; que, pour lui, il s'était occupé d'économie politique, et qu'ayant eu besoin de livres, il devait lui avouer qu'il avait mis au clou quelque chose de sa garde-robe. Si tu veux,--dit-il en terminant,--je te lirai cette nuit le livre que j'ai fait. C'est un travail sur les _Enfants trouvés_.--Bénédict l'en dispensa: il y avait trois nuits qu'il n'avait dormi.

Bénédict alla chez son notaire demander de l'argent. Le notaire mit sous les yeux de Bénédict quatre ou cinq pages de chiffres bien alignés. Bénédict passa à la dernière page, et y vit un total qui s'étalait sur six colonnes. Ce total fit réfléchir Bénédict. Il donna congé, vendit une partie de ses meubles, et s'assit résolûment devant son piano, dans un plus modeste appartement, rue des Martyrs.--Aux heures rêveuses, Bénédict avait laissé s'envoler quelques mélodies qui couraient la ville _incognito_, et avaient leur petite part de gaz et de célébrité aux cafés chantants et aux petits théâtres des boulevards. Bénédict, installé rue des Martyrs, ses amis se retirèrent