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Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/174

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       La belle coumé lou printemps
       Nous rebiscoule et nous counsolou,
       N'a qu'a paraisse, et tout d'un temps
       Dé plési lou cor nous trémolou!

--Dé plési lou cor nous trémoulou! reprirent-ils en chœur, et de fait la belle Rosalie valait bien tout le patois du monde. Le riant sourire et les blanches dents, les noirs cheveux et les noirs yeux, les longs cils et le joli nez droit, le front bombé et la peau dorée, la grande taille et les petits pieds; la jolie mariée et le beau marbre grec! Au dernier lundi de Pâques, sur la promenade, les filles d'Arles, en leurs plus riches atours, en leur plus bel orgueil, ont couronné Rosalie reine de la beauté. Un Marseillais, qui avait un grand café sur la Cannebière, lui a proposé mariage pour la mettre dans son comptoir; un riche confiseur de Lyon a suivi le cafetier marseillais. De Nîmes, de Toulouse, sont venus des cafetiers, des confiseurs, des pâtissiers, des saucissotiers; elle les a refusés tous comme ceux d'Arles. Des jeunes gens lui ont fait des bouquets et ont glissé des lettres dedans. Rosalie a donné les bouquets à