Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/20

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servante;--et elle s'est trop envieillie en cette vie de campagne, et elle a trop vécu en la maison de mon père pour que j'essaye de la tirer d'ici, et que je l'emmène à Nancy.--J'envoie ma démission.

4 juin.--Il fait du soleil. J'ouvre la fenêtre. L'orme du cimetière, plein d'oiseaux, a sa feuillée toute frissonnante. A deux pas de l'orme s'élève un peu de terre fraîchement remuée.--J'ai refermé la fenêtre. Je me suis mis dans mes livres. J'ai retrouvé le Bodin. J'ai vu quelques livres que je ne connaissais pas. J'ai trouvé un Calvin avec la signature de Marie d'Écosse, 1584: elle était alors en prison.--Il m'a fallu descendre: les fermiers venaient pour renouveler leurs baux. Ils m'ont tenu deux heures. Je les ai fait attabler. Ils m'ont demandé une diminution. Ils disent que le chemin vicinal a tranché sur le terrage aboutissant à la pâture de M. Lourdel, et que c'est un dommage de quatre bichets de blé. Je me suis défendu d'eux le mieux que j'ai pu: mais je crains bien qu'ils n'aient percé mon ignorance, et ils ont dû s'en aller en se disant