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Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/271

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d'Audran dans _Ne touchez pas à la Reine_; voici trois médailles obtenues en 1844, 1845, 1847. De ses esquisses perdues, nous nous rappelons une étude de la Nuit, la tête penchée en arrière, effleurant d'un pied le globe terrestre, laissant tomber de ses bras relevés une draperie toute constellée d'étoiles. La draperie voletait jusqu'aux pieds, nuageuse et perdue, dessinant ce beau corps, le caressant avec des ondulations de vagues.

Mais ce fut un jour de rêverie que Roguet jeta sur la glaise cette sœur de la _Mélancolia_, un jour qui n'eut guère de lendemains. Là n'était point sa veine. Ce qu'il fallait à Roguet, c'étaient les larges musculatures, les formes plébéiennes de la matrone romaine, les enfants charnus à la Jules Romain, les mêlées aux lignes impétueuses, les pantomimes héroïques, les fougues d'une pensée matérialiste, un combat, une victoire à couler dans le bronze, à décorer un arc triomphal; ce qu'il lui fallait, c'étaient les contours terribles. Michel-Ange allait à lui.

L'homme se traduisait dans ses œuvres. Doué d'une vigueur d'athlète, prenant plaisir a