Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/29

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ce qu'il m'écrit, a fait un certain tapage. J'avais envoyé la carcasse du programme.

L'esprit de maman se dérange, mais sa santé s'améliore. Elle a des absences et semble par moment troublée en sa raison. Elle ne garde sa tête que pour tout ce qui est affaire. Elle me reproche souvent mon humeur casanière. La vieille femme devient de jour en jour plus aigre et plus montée contre ce qu'elle appelle ma paresse et mon insouciance.

Il naît en moi des idées de découragement et de dégoût de la vie. Être ainsi enterré dans un village! Contre cette solitude d'esprit, mon cerveau tiendra-t-il? Il me prend des terreurs de ne pouvoir plus rien quand la liberté me viendra.--J'ai fait le compte de ce que nous possédons, à nous deux maman; avec le petit bois de la Charbonnière, nous avons bien 100 000 fr.; mais au taux de la terre, cela ne rapporte guère que 2000 fr. Il est donc impossible d'aller habiter Paris. Du reste, ma mère ne voudrait jamais