Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/341

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devient pesante, quelque énergie que l'homme se sente, quelque purs que soient ses sentiments, quelque peu mérités que soient les jugements portés contre lui, quelle que soit enfin la force et la grandeur de ce qu'il ferait dans la suite. L'homme déshonoré ne peut rien espérer, il a souillé son nom, souillé la lignée dont il sort, il a fait une blessure qui non-seulement porte préjudice aux branches, mais encore attaque la souche de sa généalogie. Un bon horticulteur tranche au vif une branche pareille; quelques années après, la cicatrisation s'opère, et l'arbre n'est nullement endommagé. Mais si la branche viciée reste sur l'arbre tout périclitera. Il vaut mieux la couper. Qu'on me tranche donc la tête.»

Un peu plus tard, Peytel se décida. Tous les efforts de ce qui lui restait d'amis se tournèrent vers la clémence royale. On savait que le roi mettait comme une religion à dire _oui_ ou _non_, quand il s'agissait de la tête d'un homme, et qu'il compulsait lui-même, et avec grand soin, le dossier des condamnés.

Ce qui avait ému le plus vivement la cour,