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Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/344

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d'affaires. On dirait qu'on punit en lui un autre Alibaud.» Cette dernière phrase est curieuse. Le roi croyait Peytel coupable: il se refusait à lui faire grâce, et les esprits les plus justes et les plus calmes avaient je ne sais quel entraînement à lui prêter un ressentiment contre le condamné, et à mettre sur le compte d'une vengeance politique, ce qui était pour le roi une affaire de justice. C'est que Peytel avait, lui aussi, donné son coup d'épingle dans cette guerre charivarique que l'opposition avait commencée contre Louis-Philippe à peine assis sur le trône. Au temps où, actif et remueur, Peytel s'était essayé à être homme de lettres, au temps où il espérait, comme disait, devenir _contemporain_, au temps où germait déjà en lui le désir d'un nom, désir immense, insensé, délirant, qui le fit aller à l'échafaud presque consolé en songeant à la célébrité des causes célèbres, Peytel, las du journalisme et des petites batailles de la petite presse, avait frappé à la porte de la Muse du vigneron de la Chavonnière. Il avait fait--d'autres disent il avait fait faire par L. D., un homme d'esprit,--_la Physiologie de la Poire_. C'était l'époque de vogue et