Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui étaient chères et de préférence aimées. Ils étaient quatre en ce temps heureux de la gaie jeunesse, qui pensaient ensemble, et se parlaient et se répondaient l'un à l'autre en tout: prose, rimes ou dessins. Aussi, presque toujours, Buisson se fait écho de la poésie et de l'amitié; et Prarond et Levavasseur chantent tour à tour sous sa pointe, à moins que les _Contes normands_ ne lui donnent l'idée de dessiner une vieille Normande, le nez crochu, le bonnet de coton en révolte, une bouteille sous le bras, trouvant que le vent est rude, l'équilibre difficile, et le pont étroit, et chantant son _Ave_ d'ivrognesse:

       Ma bonne Vierge, laissez-mai passer
       Je n'berai pus quand il fera ner.

Et tout après le «Chenil», le frontispice des fables de l'ami Prarond. Préault voulait exécuter ce frontispice en marbre. Des Amours entourent, avec la grâce perdue du XVIIIe siècle, un rustique médaillon de mademoiselle de la Sablière, jeté dans les feuilles. Au bas, les Amours jouent avec des fleurs, puis ils volent et s'asseyent et se renvolent, et le premier arrivé tend le bras et met