Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvons-nous te conserver au prix de notre vie ! » Mahomet termina son long discours en recommandant aux égards de tout son peuple les musulmans de Médine, les fidèles Amâr : « Honorez et respectez, dit-il, ces hommes qui ont donné asile au Prophète fugitif, et fondé le succès de sa cause. »

Enfin sa maladie ayant fait de nouveaux progrès, il se trouva dans l’impossibilité de passer de sa chambre dans la mosquée pour présider à la prière, bien que sa maison contiguë à la mosquée, y communiquât par une porte. Le crieur Belâl, lui ayant annoncé que l’heure de la prière était venue, il dit : « Qu’on aille avertir Abou-Bekr de faire la prière au peuple. » Abou-Bekr s’acquitta de la fonction d’Iman à la place du Prophète, durant trois jours.

Le lundi 12 du mois de rabi 1er (8 juin 632), tandis qu’Abou-Bekr, à la tête de l’assemblée des fidèles réunis dans la mosquée faisait la prière du matin, la porte communiquant avec la maison du Prophète s’ouvrit, et Mahomet s’avança, le front enveloppé d’un bandeau, s’appuyant d’un côté sur Ali, de l’autre sur Fadhl, fils d’Abbas. L’émotion produite par cette vue causa un mouvement dans l’assemblée ; Abou-Bekr interrompit la prière qu’il récitait. Le Prophète s’approchant lui commanda par un geste de continuer, et s’assit à sa droite. Quand la prière fut finie, Mahomet se leva et dit : « Musulmans, de rudes épreuves vous attendent ; elles vont fondre sur vous comme des nuées orageuses : Que le Coran vous serve toujours de guide ! Faites ce qu’il vous prescrit ou vous permet ; évitez ce qu’il vous défend. » Il parlait d’une voix ferme et sonore : sa figure était sereine ; la vie semblait être ranimée en lui. « Apôtre de Dieu, lui dit Abou-Bekr, grâce au ciel, tu es mieux aujourd’hui. Puis-je m’absenter