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ne s’y maintinrent que grâce à leur qualité de protestants. Ils purent sans trop de répugnance se prêter aux pratiques sacrilèges et aux blasphèmes qui leur étaient imposés une fois l’an à Nagasaki.

Aujourd’hui, le Japon tout entier tourne au rationalisme et au scepticisme en matière religieuse. Ce sont de plus sûres barrières que la persécution contre un retour offensif des idées de propagande.

J’ajouterai, à l’honneur des Hollandais, qu’ils apportèrent avec eux les pratiques d’un commerce sérieux et équitable. Leurs échanges avaient un côté intelligent et réellement civilisateur, dont les Japonais ont su tirer un grand parti. Ils étaient, de plus, par nature, réservés et discrets. Ces diverses raisons expliquent qu’ils aient pu conserver pendant plus de deux siècles la situation privilégiée qu’ils avaient obtenue au détriment des autres nations. Les Japonais leur ont dû le meilleur de leurs connaissances scientifiques, médicales et industrielles. Les Portugais n’avaient été que des écumeurs de mer apportant, dans leurs galions, du tabac, de la verroterie, de la poudre, des armes à feu et d’autres articles du même genre qu’ils échangeaient contre des barils d’or ; les Hollandais furent d’honnêtes trafiquants qui pensaient, comme le bon La Fontaine, que

« Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage. »