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OBLOMOFF.

— Taillez, et que Dieu vous bénisse ! Allez un peu vous promener, dit Oblomoff. Je vais travailler seul, et vous mettrez cela au net après le dîner.

— Très-bien, monsieur, répondit Alexéeff. En effet, je pourrais vous déranger… Je m’en vais prévenir qu’on ne nous attende pas à Ekaterinnhoff. Adieu, monsieur.

Mais Élie ne l’écoutait plus. Il avait ramassé ses pieds sous lui, et s’était presque couché dans le fauteuil. Il réfléchit la joue dans la main et tomba dans un état qui tenait le milieu entre le sommeil et la rêverie.


V


Oblomoff, gentilhomme de naissance, et de rang secrétaire de collège, habite Pétersbourg depuis douze ans sans l’avoir jamais quitté.

Du vivant de son père et de sa mère, il était logé plus à l’étroit ; il n’avait que deux pièces, et se contentait de Zakhare, domestique qu’il avait amené avec lui de la campagne ; mais après la mort de ses parents il devint l’unique possesseur de trois cent cinquante âmes, qui lui échurent en héritage dans un des gouvernements les plus reculés, presque en Asie.