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— XIV —

Gontcharoff voulut aussi dire sa pensée sur la génération nouvelle, et, dans le Précipice, il recommença le parallèle entre les pères et les enfants. Il enchérit encore sur Tourguéneff et, plus partial, il fut aussi moins heureux dans la peinture du type principal. Il réussit mieux les figures accessoires, et là, dégagé de tout parti pris, il dessina des portraits d’une finesse exquise et d’une rare perfection.


C’est dans Oblomoff que brille surtout le talent de Gontcharoff, c’est là qu’il a mis la plus grande partie de lui-même, car il est resté célibataire comme son héros, et son tempérament, comme celui d’Oblomoff, le porte à la solitude et à la rêverie.

Voilà pourquoi nous avons choisi ce roman afin de présenter l’éminent écrivain au public français. Notre intention était d’abord de donner l’œuvre entière, mais elle comprend deux volumes et nous avons craint que le morceau ne fût un peu gros pour l’appétit de nos lecteurs.

Il y a dans le génie russe un côté allemand dont Gontcharoff a sa bonne part. Peintre admirable, il multiplie volontiers les tableaux ; par l’accumulation des petits détails il arrive, comme Balzac, à une extraordinaire intensité d’impression ; mais aussi il s’attarde dans l’analyse et ne vise guère à l’action.

Cette tendance de son esprit se marque surtout dans