et puis une fois, tout à coup, disparurent deux cochons de lait et une poule, accident qui mit en émoi loin les alentours et qu’on attribua unanimement à une caravane chargée de vaisselle de bois pour la foire, qui, la veille, avait passé par le pays. Hors de là les événements de toute espèce étaient très-rares.
Au reste, un jour, on trouva, couché dans le fossé d’un pacage, près du pont, un traînard d’une brigade d’ouvriers se rendant à la ville. Les petits gars le remarquèrent les premiers et, avec frayeur, accoururent au village, apportant la nouvelle qu’un terrible serpent inconnu, ou un loup-garou, gisait dans le fossé, ajoutant qu’il les avait poursuivis et avait presque avalé Kouzka[1].
Les paysans les plus hardis s’armèrent de fourches et de haches, et en foule se dirigèrent vers le fossé.
— Où vous pousse-t-il[2] ? disaient les vieux pour les retenir, est-ce que vous avez le cou si solide ? Que cherchez-vous ? N’y touchez point : on ne vous y force pas !
Mais les paysans allèrent, et, à une cinquantaine de toises de l’endroit, commencèrent à crier sur différents tons après le monstre : pas de réponse ; ils s’arrêtèrent, puis ils s’avancèrent encore.