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OBLOMOFF.

cérémonies religieuses, des festins et enfin de la noce, et c’est là dedans que se concentrent toutes les émotions de la vie.

Ensuite on recommence à tourner dans le même cercle : la naissance des enfants, les cérémonies, les festins, jusqu’à ce que l’enterrement change les décors, mais pas pour longtemps. Les hommes cèdent la place à d’autres, les enfants deviennent des jeunes gens, et en même temps des fiancés ; ils se marient et multiplient, et la vie s’étend suivant ce programme, comme un tissu sans fin qui s’effile insensiblement et se rompt au bord de la tombe.

Parfois, il est vrai, d’autres embarras venaient les importuner ; mais presque toujours les Oblomoftzi les voyaient arriver avec un calme stoïque, et les soucis, après avoir tourbillonné au-dessus de leur tête, passaient outre et s’envolaient, comme les oiseaux, qui, en venant à un mur nu et ne trouvant où se nicher, battent inutilement des ailes autour de la pierre et s’envolent.

Ainsi, une fois, par exemple, une partie de la galerie s’écroula tout à coup et enterra sous ses débris une poule couveuse avec ses poussins. Aksinia, la femme d’Anntipe, avait été sur le point de se mettre sous la galerie avec sa quenouille ; elle en aurait eu sa part, mais à ce moment, pour son bonheur, elle était allée chercher du lin.