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OBLOMOFF.

en général de s’occuper sérieusement d’affaires. Pendant une demi-heure il resta encore couché, se tourmentant de cette grande résolution. Ensuite il pensa judicieusement que tout cela pouvait se faire après le thé, que le thé, il pouvait bien, selon son habitude, le prendre au lit, et rester couché pour méditer. Ainsi fit-il.

Quand il eut pris le thé, il se souleva un peu et faillit se lever ; il jeta un coup d’œil sur ses pantoufles, et commença même à descendre un de ses pieds, mais il le retira brusquement.

La pendule sonna neuf heures et demie. Oblomoff tressaillit.

« Qu’est-ce que je fais donc ? murmura-t-il tout haut, il faut être raisonnable… il est temps de s’occuper d’affaires. Si on se laisse aller, alors… »

Il cria : Zakhare !

Dans une pièce séparée de la chambre d’Oblomoff par un petit couloir, on entendit d’abord comme le grognement d’un chien de garde, ensuite le bruit de deux pieds tombant sur le parquet. C’était Zakhare qui sautait à bas du poêle[1], où il passait toute sa journée dans une demi-somnolence.

En la chambre entra un homme déjà sur l’âge,

  1. Dans beaucoup de maisons, le poêle en faïence est surmonté d’une plate-forme où se couchent les maîtres et les domestiques.