Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
OBLOMOFF.

Ensuite elles font la récapitulation des derniers événements : les jours de fête, les baptêmes, les naissances, les mets qui ont été servis, les invités et les oubliés.

Quand elles ont assez de ces commérages, elles étalent leurs toilettes neuves, elles se montrent les robes, les manteaux, jusqu’aux jupons et aux bas. La maîtresse de la maison fait parade de quelques pièces de toile, de fil, de dentelles, fabriquées chez elle.

Mais ce sujet tarit aussi. Alors on s’occupe à prendre le café, le thé, à manger des confitures. Ensuite on tombe dans le silence. On reste assis des heures entières à se regarder, à pousser de temps à autre de grands soupirs pour on ne sait quoi. Quelquefois même l’une d’elles se met à pleurer.

— Qu’as-tu donc, m’amie chérie ? demande l’autre tout alarmée.

— Oh ! Je suis triste, ma chère colombe, répond la visiteuse avec un profond soupir. Nous avons mis en colère le Seigneur Dieu, misérables que nous sommes ! Il arrivera un malheur.

— Ah ! ne m’effraye pas, ne me fais pas peur, ma chère ! interrompt la maîtresse de la maison.

— Oui, oui, continue son amie, les derniers jours approchent ; une nation s’élèvera contre une autre, un royaume contre un royaume… Le dernier jour