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Page:Gorini - Défense de l’Église contre les erreurs historiques, t. 1, 1864.djvu/304

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DÉFENSE DE L’ÉGLISE.

tions de bouvier et de laboureur au milieu des images de ses ancêtres revêtus de la trabée. M. Ampère fait rédiger à Rome cette épître, où nous lisons pourtant qu’elle fut écrite en Gaule (1). Ce qui est surtout blâmable dans le critique, c’est son persifflage sur saint Sidoine, qu’il juge, d’après cette lettre, très à Vabri pour son compte de l’insouciance des grandeurs. Cependant tout cœur capable de sympathisera de nobles sentiments doit admirer les conseils donnés à Eutrope. N’y cherchez pas un seul mot qui décèle un futile amour de litres et de distinctions. Tout y est digne, et je regrette de n’en pouvoir citer que cette dernière phrase : « J’atteste nos ancêtres, j’atteste nos descendants, que je suis étranger à ta coupable conduite ! » Ce désir d’employer dignement et utilement sa vie que Sidoine tentait d’inspirer, il l’éprouvait aussi, et c’est pour cela que lui, « dont le père, le beau-père, l’aïeul, le bisaïeul, ont été préfets de Rome et du prétoire, maîtres du palais et commandants des armées (2), » il cherche à rentrer dans ce glorieux patrimoine de sa famille. Toutefois, ce n’était pas en poursuivant la fortune qu’il arrivait à Rome. Un ordre de l’empereur et les intérêts de sa province l’y appelaient : mission très-importante, car il y dévoue tous ses soins, et, pour la faire réussir, il consent à prononcer le panégyrique d’Anthémius. Il raconte longuement à son ami Héronius tous ces curieux détails, et son récit « nous fait parfaitement assister, comme le dit M. Ampère, au jeu des intrigues qui s’agitaient autour du pouvoir éphémère des empereurs. » Seulement M. Ampère ne devrait pas ajouter qu’il y a « quelques lettres » où nous trouvons ces révélations piquantes ; il n’y en a qu’une, celle dont je vais donner un résumé, la neuvième du premier livre.

(i) « Depuis longtemps je désirais t’écrire ; aujourd’hui que, grâces au Christ, je prends le chemin de Rome, je suis bien plus porté à le faire. » (Ep. i, 6.) — M. Am. Thierry, p. 7i7 de la Revue des Deux Mondes, ubi supra, commet la même faute.

(2) Ep. i, 3.