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Page:Gorini - Défense de l’Église contre les erreurs historiques, t. 2, 1864.djvu/450

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DÉFENSE DE L’ÉGLISE.

par saint Grégoire, que Frédegaire s’est ordinairement attaché à suivre.

Aimoin, autre important chroniqueur, quoique plus récent, dit à propos de la mort de Sigebert : « Mais pource que le livre en quoy nous trouvasmes cet escrit, estoit corrompu par le vice de l’escrivain, nous ne pusmes pas sçavoir plainnement de quel gent il fut roy, ni la cause de sa mort ; mais seulement disoit-il que le roy Glovis de France avoit saisi son règne et ses thrésors (1). » Ainsi parle Aimoin ; il ignore complètement si Clovis eut part à la mort du roi de Cologne, et puisqu’il l’ignore, il n’en était clone rien dit dans le livre, quel qu’il soit, dont il s’aidait, et la tradition ne s’expliquait pas davantage. Il n’existe par conséquent aucun indice que saint Grégoire ait cru que Clovis fût l’auteur indirect de la mort du roi de Cologne ; il n’a donc pas approuvé un parricide, ni félicité le roi franc des résultats heureux d’un tel forfait qu’il aurait commandé (2).

(i) Aimoin, 1. I, c. xvni, traduction des Grandes Chroniques de France, édition de M Paulin Paris. — Ce savant éditeur croit qu’Aimoin a voulu parler du livre de saint Grégoire ; je penserais que c’est du livre de Frédegaire ; car dans le passage de ce dernier, comme on le voit plus haut, manque tout ce dont Aimoin regrette la perte, et se trouve tout ce qu’il mentionne, entre autres la corruption du texte ; il n’en est point ainsi du passage de saint Grégoire de Tours. Aimoin mourut en 1108.

(2) J’ai dit, dans le cours de ce paragraphe, que je soupçonnais Clovis d’avoir eu l’intention de pousser Chlodéric au meurtre de son père… Sigehert était ennemi de Clovis, saint Grégoire le dit expressément. Chlodéric lui-même, depuis son retour de l’expédition contre les Visigoths, se trouvait brouillé avec le roi des Francs, puisque celui-ci lui dit que, dans le cas de la mort de Sigebert, son amitié lui serait rendue. Or, puisque Clovis voulait se défaire de ses ennemis, pourquoi aurait-il excepté ces deux personnes ? pourquoi, avec les idées barbares de son temps, aurait-il évité de détruire ses adversaires les uns par les autres, quand l’occasion s’en présentait ? Saint Grégoire, qui se bornait d’ordinaire à croire les faits visibles et palpables, n’a pu saisir ces combinaisons