Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
CONTES D’ITALIE

à la ville pour en faire une clinique de psychiatrie qui portera le nom de mon père…

Le bossu poussa un gémissement et perdit connaissance. On l’emporta.

La sœur fit achever l’édifice avec la même rapidité que son frère avait mise à en commencer la construction ; quand la maison fut terminée, le premier malade qui y fut hospitalisé, fut le bossu. Il y passa sept ans, laps de temps amplement suffisant pour devenir idiot. Cependant, sa sœur avait vieilli et perdu à tout jamais l’espoir de se marier ; lorsqu’elle vit que son ennemi était anéanti et qu’il ne ressusciterait plus, elle le prit sous sa garde.

Aujourd’hui le frère et la sœur errent d’un pays à l’autre sur le globe terrestre ; pareils à des oiseaux aveuglés, ils jettent sur tout ce qui rend la vie agréable et belle un regard sans joie et sans intérêt, et ils ne voient nulle part autre chose qu’eux-mêmes.