Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
UNE GRÈVE À NAPLES

tirés et un peu blêmes, les yeux écarquillés de surprise, les badauds s’écartèrent lourdement des derniers wagons pour se diriger vers le premier.

À deux pas de celui-ci, en travers de la voie, était étendu un wattman à tête blanche ; il avait enlevé sa casquette et était couché sur le dos ; sur son visage martial, les moustaches se hérissaient d’un air menaçant vers le ciel. Un petit jeune homme vif comme un singe se jeta également sur le sol à côté de lui ; un nombre toujours plus grand de grévistes les imitèrent sans se hâter…

La foule gronde avec un bruit sourd, des voix craintives implorent la Madone, les uns jurent avec colère, les femmes gémissent ou piaillent ; pareils à des balles de caoutchouc, les gamins, stupéfaits du spectacle, rebondissent partout.

L’homme en haut-de-forme hurle d’une voix sanglotante. L’officier le regarde et hausse les épaules. Il doit remplacer les grévistes par des soldats, mais il n’a pas reçu l’ordre d’attaquer.