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UNE GRÈVE À NAPLES

la voie. Les femmes y déposaient leurs paniers et leurs paquets ; les enfants s’y asseyaient tout pelotonnés sur eux-mêmes comme des chiens transis de froid ; des gens bien vêtus se roulaient et se salissaient dans la poussière.

Sur la plate-forme du premier wagon, cinq soldats regardaient le monceau de corps entassés sous les roues et riaient, en vacillant sur leurs jambes, et en rejetant la tête en arrière. Ils ne ressemblaient plus à des jouets automatiques…


…Une demi-heure se passa. Les wagons parcouraient maintenant, en grinçant, toutes les rues de Naples. Debout sur les plates-formes, les grévistes vainqueurs souriaient gaîment, ou faisaient le tour du tramway en demandant poliment aux voyageurs :

— Vos billets, s’il vous plaît !

Et, leur tendant les bouts de papier jaune ou rouge, les gens clignaient de l’œil, souriaient ou grommelaient avec bonhomie.