en tête-à-tête, ce qui la faisait rire comme une folle :
— Mais dans quelle langue me parlera-t-il, ce signor si soigneusement blanchi ? disait-elle.
— Dans la langue des pièces d’or, nigaude que tu es ! répliquaient les personnes sérieuses.
Elle refusait :
— Aux étrangers je ne veux vendre que de l’ail, des oignons et des tomates.
Parfois quelques amis insistaient :
— Un mois seulement, Nuncia, un seul mois… sois complaisante pour ces étrangers… et tu seras riche. Réfléchis bien ; n’oublie pas, tu as une fille à élever…
Elle hochait la tête :
— Non, je ne peux pas, j’aime mon corps et je ne veux pas l’offenser. Je sais, il suffirait que je me donne une seule fois sans amour pour perdre l’estime de moi-même.
— Mais tu ne te refuses pas à ceux qui te demandent ?
— Oui, aux miens, et cela quand il me plaît.