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LA VENDETTA

La belle Emilia Bracco vivait alors à Saracena, petit village de la montagne ; son mari était parti en Amérique et elle habitait la maison de sa belle-mère. Ouvrière adroite et robuste, elle possédait, en outre, une belle voix et un caractère gai. Elle aimait à rire et à plaisanter ; un peu coquette, elle excitait violemment par sa beauté les désirs ardents des garçons du village et des gardes-forestiers de la montagne.

Tout en s’amusant en paroles, elle savait garder son honneur de femme mariée ; son rire faisait naître de doux rêves, cependant personne ne pouvait se vanter de l’avoir vaincue.

Mais, comme vous le savez, c’est le diable et les vieilles femmes qui souffrent le plus de la jalousie. Emilia avait une belle-mère, et le diable est toujours présent là où le mal est possible.

— Tu es bien gaie pour une femme éloignée de son mari, disait la vieille ; j’ai envie de lui écrire. Prends garde, je suis cha-