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LA VENDETTA

— Il… ? répéta Donato, et ses yeux s’injectèrent de sang.

— Il m’a prise de force, en me menaçant, mais… il faut que tu saches toute la vérité…

Elle suffoquait ; son mari la secoua :

— Parle !

— Oui, oui, oui, chuchota la femme au désespoir, nous avons été mari et femme, lui et moi, trente ou quarante fois…

Donato s’empara de son fusil et courut aux champs où se trouvait son père. Tout ce qu’un homme peut dire à un autre homme à un moment pareil, il le lui dit. Il finit par lui envoyer deux balles dans le corps ; ensuite, il cracha sur le cadavre et brisa le crâne à coups de crosse. On prétend même que Donato injuria le mort et qu’il dansa sur sa dépouille une sauvage danse de vengeance.

Puis il revint auprès de sa femme et lui dit, en chargeant son fusil :

— Recule de quatre pas et fais ta prière.

Elle éclata en sanglots et le supplia de lui laisser la vie.