Page:Gorki - La Mère, 1945.djvu/31

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sachant comment lui exprimer sa reconnaissance de quelque chose qu’elle ne comprenait pas encore.

— Non, c’est inutile, répondit Pavel en enlevant son manteau, et il lui sourit avec bonté.

Soudain, l’idée lui vint que son fils avait exagéré à dessein le danger de la réunion pour se moquer d’elle.

— Et c’est ceux-là qui sont des gens dangereux ?

— Parfaitement ! dit Pavel en passant dans la chambre.

— Ah ! fit la mère, le suivant d’un regard caressant.

Et en elle-même elle pensa :

— C’est encore un enfant !


VI


Lorsque l’eau du samovar fut en ébullition, elle le porta dans la chambre. Les hôtes étaient assis autour de la table ; Natacha, un livre à la main, s’était placée dans le coin sous la lampe.

— Afin de comprendre pourquoi les gens vivent si mal…, disait Natacha.

— Et pourquoi ils sont si mauvais…, intervint le Petit-Russien.

— Il faut voir comment ils ont commencé à vivre…

— Regardez, mes enfants, regardez, chuchota la mère, en préparant le thé.

Tous se turent.

— Que dites-vous, maman ? demanda Pavel en fronçant le sourcil.

— Moi ?

Voyant tous les yeux fixés sur elle, elle expliqua avec embarras :

— Je me parlais à moi-même… je disais : regardez !

Natacha se mit à rire, ainsi que Pavel ; le Petit-Russien s’écria :

— Merci, petite mère, pour le thé !

— Vous ne l’avez pas encore bu et vous remerciez déjà ! répliqua-t-elle.

Puis elle ajouta en regardant son fils :

— Je ne vous gêne pas ?

Ce fut Natacha qui répondit :