de braves gens… Le Petit-Russien est bien gentil ! Et la demoiselle… Ah ! qu’elle est intelligente ! qui est-ce ?
— Une maîtresse d’école, répondit brièvement Pavel, marchant de long en large dans la pièce.
— C’est pour cela qu’elle est si pauvre !… Ah ! qu’elle est mal habillée ! Elle va prendre froid ! Où sont ses parents ?
— À Moscou !
Et Pavel, s’arrêtant près de sa mère, lui dit, d’une voix basse et sérieuse :
— Son père est très riche ; c’est un marchand de fer qui possède plusieurs maisons. Il l’a chassée, parce qu’elle a pris cette voie… Elle a été élevée dans le luxe, tous les siens la gâtaient, lui donnaient ce qu’elle voulait… et en ce moment-ci, elle fait sept kilomètres à pied, seule…
Ces détails frappèrent Pélaguée. Debout au milieu de la chambre, elle regardait, son fils sans mot dire, les sourcils levés d’étonnement.
Puis elle demanda à mi-voix :
— Elle va en ville ?
— Oui.
— Ah ! elle n’a pas peur ?
— Non, elle n’a pas peur ! dit Pavel en souriant.
— Mais pourquoi ? Elle aurait pu passer la nuit ici…elle aurait couché avec moi.
— Ce n’était pas possible. On l’aurait vue ici demain matin ; et nous n’avons pas besoin de cela. Ni elle non plus.
La mère se souvint, regarda vers la fenêtre d’un air pensif et reprit doucement :
— Je ne comprends pas ce qu’il y a là de dangereux, de défendu ? Il n’y a pas de mal à ces choses-là, n’est-ce pas mon fils ?
Elle n’en était pas sûre et elle aurait voulu obtenir de Pavel une réponse négative. Il la regarda avec calme et déclara d’un ton ferme :
— Nous ne faisons ni ne ferons rien de mal. Et pourtant, c’est la prison qui nous attend, sache-le.
Les mains de Pélaguée se mirent à trembler. D’une voix brisée elle questionna :
— Peut-être… Dieu permettra qu’il en soit autrement.