— Mais avant, tu en attraperas un que tu me donneras…
— Lequel préfères-tu ?
— J’en veux un qui soit gai, de ceux qui acceptent d’être en cage.
— Alors, c’est un serin que tu désires.
— Le çat le manzera, zézaya le cadet. Et papa ne nous permettra pas de le garder…
L’aîné confirma :
— Il ne le permettra pas !…
— Vous avez une mère ?
— Non, dit l’aîné ; mais son puîné le reprit :
— Si, seulement, c’est une autre, ce n’est pas la nôtre, tu comprends ; la nôtre est morte…
— L’autre s’appelle belle-mère, expliquai-je ; l’aîné secoua la tête :
— C’est vrai.
Tous trois se mirent à réfléchir et devinrent tout tristes.
D’après les récits que m’avait faits mon aïeule, je savais ce que c’est qu’une belle-mère et je comprenais la mélancolie de mes compagnons. Serrés les uns contre les autres, ils se ressemblaient comme des poussins. Et me rappelant l’histoire de la belle-mère sorcière qui s’était emparée par ruse de la place de la vraie mère, je leur promis :
— Votre vraie mère reviendra, vous verrez…
L’aîné haussa les épaules :
— Puisqu’elle est morte ! Cela ne peut pas arriver…
Cela ne pouvait pas arriver ? Allons donc ! Que de fois n’avais-je pas vu, dans les histoires de mon aïeule, les morts ressusciter, même ceux qui avaient