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Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/239

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Le visage du grand-père rayonna ; il tourna autour de sa fille, en remuant les doigts, et finit par murmurer d’une voix indistincte, comme s’il rêvait :

— Ah ! Varioucha, si tu avais de l’argent… et si tu avais de braves gens autour de toi…

Maintenant, ma mère habitait deux chambres sur le devant de la maison ; elle recevait souvent des visites : les frères Maximof étaient ses hôtes les plus assidus. L’un, Pierre, un bel officier robuste, aux yeux bleus, à l’immense barbe blonde, avait assisté au châtiment que je subis le jour où je crachai sur la tête du vieux monsieur. L’autre, Evguény, de taille élevée lui aussi, avait des jambes fines, un teint pâle, une petite barbe noire et pointue, et de grands yeux ressemblant à des pruneaux. Il portait un uniforme de couleur verdâtre orné de boutons et de chiffres dorés. Rejetant en arrière ses longs cheveux ondulés qui retombaient sur un haut front poli, il souriait avec condescendance en racontant d’une voix un peu sourde des histoires qui débutaient toujours par des paroles insinuantes :

— Voyez-vous, il me semble que…

Ma mère, les paupières baissées, l’écoutait, riait et l’interrompait souvent :

— Vous êtes un enfant, monsieur Evguény, pardonnez-moi…

L’officier frappait son genou de sa large paume en approuvant :

— Oui, parfaitement, un enfant…

Les fêtes de Noël se passèrent dans une gaîté bruyante. Presque tous les soirs, des gens déguisés venaient chez ma mère. Elle se travestissait elle-même