maison brûle devrait être fouetté en public, car c’est un imbécile, ou un voleur ! Si l’on agissait de la sorte, il n’y aurait plus d’incendies… Va-t’en te coucher… Que fais-tu là ?
J’obéis, mais je ne pus dormir ; à peine m’étais-je mis au lit qu’un hurlement qui n’avait rien d’humain m’en fit sortir en sursaut. Je me précipitai derechef à la cuisine ; grand-père, le torse nu, une chandelle à la main, se tenait au milieu de la pièce ; sa chandelle tremblait et lui, traînant les pieds sur le plancher, râlait sans pouvoir avancer :
— Mère ! Jacob ! qu’est-ce qui se passe ?
Je bondis sur le poêle où je me pelotonnai, et l’agitation régna de nouveau dans la maison ; comme pendant l’incendie, une plainte douloureuse et cadencée retentissait et reprenait avec une force croissante. Grand-père et l’oncle allaient et venaient, l’air effaré ; grand’mère grondait et les expédiait je ne sais où. Grigory, entassant des bûches dans le fourneau, remplissant d’eau les marmites, faisait un vacarme incroyable tout en dodelinant de la tête comme un chameau d’Astrakhan.
— Mais allume donc ! commanda grand’mère.
Il se hâta de prendre un tison et, rencontrant mon pied, il poussa un cri d’alarme.
— Qui est là ? Ah ! que j’ai eu peur… Tu es partout où l’on n’a pas besoin de toi…
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— C’est la tante Nathalie qui accouche, répondit-il avec indifférence.
Je me rappelai alors que ma mère n’avait pas crié ainsi quand elle avait accouché…