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Enfin, un principe d’erreur et de misère que Pascal ne connaissait que trop, contre lequel il eut à lutter sans trêve pendant les dernières années de sa vie, ce sont les maladies. C’est sans doute dans une de ces crises violentes qui le torturaient qu’il a tracé ces lignes : « Nous avons un autre principe d’erreur, les maladies. Elles nous gâtent le jugement et les sens. Et si les grandes l’altèrent sensiblement, je ne doute point que les petites n’y fassent impression à leur proportion » (III. 3.)

En résumé, Pascal estime que l’homme, par suite de sa condition et de sa nature actuelles, se trouve dans une ignorance et une misère nécessaires. Et cela, il va nous le montrer maintenant, en fait, en nous faisant parcourir avec lui les diverses sphères où l’homme s’efforce de réaliser, par une prise ferme et sûre de son objet, les conditions essentielles de son être.

Il commence par la philosophie et la religion naturelle, desquelles la question commune et centrale est la question de l’existence de Dieu. Il élève contre la philosophie et contre son organe, la raison spéculative, de graves inculpations ; et c’est sur cette question capitale de l’existence de Dieu qu’il les trouve surtout en défaut. Il les accuse formellement d’avoir, par leurs spéculations oiseuses, soulevant des nuages qu’elles sont incapables de dissiper, des difficultés qu’elles sont incapables de résoudre, obscurci et même entièrement effacé dans l’âme humaine, la claire notion de Dieu, qui y subsistait comme une dernière lueur dans une nuit immense. D’après Pascal, en effet, préalablement à tout travail philosophique, l’homme croit instinctivement en Dieu, dont il voit l’idée dans son âme, et la trace et la preuve dans la nature.