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restauration, mais non pas contester la légitimité de leur procédé de table rase.

Eh bien ! nous demandons qu’on concède à l’apologiste chrétien les mêmes immunités et le même droit, jusqu’à preuve que sa méthode de reconstruction est insuffisante et défectueuse ; et en particulier nous n’admettons pas qu’on puisse écarter la démonstration de Pascal par une sorte de fin de non recevoir, sous prétexte qu’il est parti d’un point de vue plus ou moins entaché de pyrrhonisme. Cette démonstration n’en mérite pas moins d’être examinée et discutée. Nous allons l’examiner et la discuter au chapitre suivant.


CHAPITRE III
preuve de la vérité de la religion chrétienne. — Les preuves rationnelles ; Les preuves morales ; Les preuves historiques. — La règle des partis ; La croyance déterminée par un acte de volonté ; De l’autorité et du critérium ; L’église ; La tradition ; Le témoignage de l’âme régénérée.

Les prémisses que Pascal a posées lui interdisent absolument l’usage de la preuve purement rationnelle ; aussi c’est avec un dédain marqué que, pour déblayer sa voie, il l’écarte définitivement. Ses premiers éditeurs étaient bien les interprètes fidèles de sa pensée à cet égard quand ils disaient dans leur préface célèbre : « Il ne prétendait point prouver toutes ces vérités de la religion par de telles démonstrations fondées sur des principes évidents, capables de convaincre l’obstination des plus endurcis, ni par des raisonnements métaphysiques, qui souvent égarent plus l’esprit qu’ils ne le persuadent.., mais par des preuves morales qui vont plus au cœur qu’à