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lui demander les satisfactions profondes que la politique leur avait promises ou fait espérer, mais qu’elle est impuissante à leur donner.

De nos jours le christianisme rencontre sur son chemin, non pas la concurrence, mais l’hostilité décidée de deux puissances bien autrement redoutables que la politique : nous voulons parler de la philosophie et de la science. Il doit répondre à l’attaque par l’attaque ; son attitude à l’égard de ces deux puissances doit être sceptique et agressive. Nous demandons crédit pour cette assertion jusqu’à ce que nous ayons pu l’expliquer et la limiter.

Voyons d’abord la philosophie.

Quand nous disons que la philosophie doit être combattue, nous entendons non la philosophie en elle-même, non la spéculation philosophique, dont nous usons nous-même pour faire notre démonstration, mais tout système philosophique quel qu’il soit qui n’admet pas et ne met pas à sa base, d’abord l’idée d’un Dieu personnel et vivant, ensuite la possibilité d’une intervention de ce Dieu dans l’ordre des causes secondes et d’une révélation. C’est-à-dire que, au nom du christianisme, qui est pour nous une philosophie, et comme condition première d’une bonne apologie du christianisme, nous condamnons et combattons les deux systèmes de philosophie autour desquels se sont toujours rangés, comme autour de deux chefs principaux, tous les systèmes philosophiques possibles, savoir le matérialisme et le déisme. Et si on nous demande ce que nous laissons subsister de la philosophie après avoir il détruit ces deux chefs philosophiques principaux, nous répondons avec Pascal : « ils se brisent et s’anéantissent pour faire place à la vérité de l’évangile. »