Page:Gory - Des Pensées de Pascal considérées comme apologie du christianisme, 1883.djvu/96

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que chose de bon de Nazareth ? » objecte Nathanaël à Philippe :

« Viens et vois », répond simplement le dernier. — « Rends gloire à Dieu, disent les ennemis du Christ au pauvre aveugle qu’il vient de guérir, nous savons que cet homme est un méchant. »

« Je ne sais s’il est un méchant, répond l’aveugle guéri, mais il est une chose que je sais bien, c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois. » Il y a quelque chose du scepticisme de Pascal dans ce simple et profond témoignage ; et le témoignage est et restera toujours le modèle le plus parfait d’une véritable apologie.

Pascal, dans son immortel ouvrage des Pensées, n’a pas fait ni dit autre chose que le pauvre aveugle guéri et que le disciple de Christ. « Ce que j’ai éprouvé, j’en rends témoignage ; venez et voyez. » Et c’est pour cela que cet ouvrage où l’on sent vibrer la grande âme de l’auteur, est la plus forte apologie qui ait jamais été consacrée à la défense du christianisme. En somme, l’apologie vaut toujours ce que vaut l’apologiste.

Nous terminons par ces mots d’un grand philosophe chrétien : « Je n’ignore pas, dit M. Ernest Naville, que cette foi qui n’est pas la pure évidence de l’esprit, que ce mouvement de l’âme s’emparant de la vérité sans l’intermédiaire des sens ou des démonstrations géométriques, est taxé par certains esprits de superstitieuse crédulité…… Mais, il faut oser le dire, malgré l’abus trop facile de cette pensés les sources dernières de nos croyances sont dans l’état de notre âme. L’intelligence seule ne possède pas le secret des solutions de la vie. La foi est une vertu et le doute une tentation. Chacun de nous peut l’éprouver en soi-même. Nous croyons au monde divin dans la mesure