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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/103

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HUITIÈME SIÈCLE

venger l’injure faite à sa fille. Au retour d’une première expédition contre les Saxons, le fils aîné de Peppin, — dont le nom propre Karl, Charles, a été réuni par l’histoire au surnom de Grand, Magnus, Charlemagne, — apprit par une lettre du pape Adrien Ier que le roi des Lombards, n’ayant pu obtenir du Saint-Siége le couronnement des princes austrasiens, venait d’envahir l’exarchat et marchait sur Rome.

Après avoir sommé vainement Didier de restituer le Domaine utile, Karl passa les Alpes, battit l’ennemi et occupa toute l’Italie septentrionale (773). Pavie, affamée par un long blocus, ouvrit ses portes, malgré l’opposition du vieux duc Hunald, échappé récemment de sa prison et qui périt lapidé par la populace. Didier fut relégué à Liége où la tonsure monacale le rendit désormais impropre à la royauté. La veuve et les enfants de Karlmann, livrés au vainqueur, disparurent de l’histoire. Karl-le-Grand se fit couronner roi des Lombards, laissant à ses nouveaux sujets leurs lois et leur constitution, comme il fit en général à l’égard de tous les peuples qu’il soumit. Il alla passer les fêtes de Pâques à Rome où aucun roi frank n’était encore entré ; il y fut reçu triomphalement avec tous les honneurs réservés aux exarques impériaux. Il confirma la donation de son père à l’Église, qui fut investie de l’administration supérieure des pays concédés, et prit lui-même le titre de Patrice qui lui assurait la souveraineté politique sur tous les domaines relevant du saint-siége.

Si les Lombards, déjà dégénérés, offrirent une facile conquête, les Franks rencontrèrent une toute autre résistance chez les Saxons toujours farouches, derniers restes des antiques tribus de Germanie, dont les mœurs héroïques et barbares s’étaient conservées sur le sol natal non déserté. Ils étaient encore ce qu’avaient été leurs ancêtres du temps d’Hermann, et la statue de ce héros de l’indépendance teutonique, divinisée, dit-on, dans l’idole Irmensul, était l’objet d’un culte fervent et sanguinaire. Cette nation, partagée en quatre peuplades principales, habitait les contrées qui s’étendent entre le Weser