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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

subit le même sort. Ces succès n’arrêtèrent point la marche de Godfried, roi supérieur (Ober-Honung) du Sleswig et du Jutland, qui entreprit de reconquérir les anciennes possessions des Saxons nordalbingiens. Il battit les Obotrites, mais ceux-ci lui vendirent si chèrement la victoire qu’il n’osa pas attendre l’arrivée du prince Karl et qu’il rentra dans ses États. Pour lui fermer l’accès du continent, on fortifia le château de Hobhecok (Hambourg), et l’on fonda une ville franke, Essenfeld, à l’endroit où la Sture se jette dans l’Elbe. Au milieu de ces guerres défensives, on apprit qu’une flotte de deux cents vaisseaux, montée par des Northmans, avait paru sur les côtes de Frise, qu’elle avait ravagé toutes les îles de ces parages, et qu’une armée débarquée sur le continent, avait vaincu trois fois les Frisons. Karl-le-Grand quitta son palais d’Aix-la-Chapelle pour marcher en personne contre ces nouveaux envahisseurs. Dès qu’il eut rassemblé ses troupes à Lippeheim, il apprit que la flotte danoise était repartie, que le roi Godefried avait été assassiné par un de ses gardes, et, enfin, que son fils Peppin était mort à Milan (810). Revenu à Aix-la-Chapelle, il y reçut les ambassadeurs des divers peuples qui lui faisaient la guerre et conclut la paix.

Toutefois, il ne négligea pas de pourvoir à la défense des côtes. Il visita lui-même ses ports de mer pour surveiller la construction des vaisseaux destinés à la protection du littoral. Gand et Boulogne devinrent les arsenaux et les chantiers de sa marine, et son fils Louis reçut l’ordre de préparer une flotte sur la Garonne et une autre sur le Rhône. Déjà le connétable Burkard, à la tête d’une escadre, la première dont il soit fait mention à cette époque, avait remporté plusieurs avantages sur les Sarrasins dans les eaux de la Corse et de la Sardaigne.

Peu de temps après son retour dans sa résidence impériale, Karl-le-Grand perdit l’aîné de ses fils, Karl, roi de Germanie, qui ne laissait pas de postérité (811). Le vieil empereur disposa par testament de toute sa propriété mobilière en legs pieux, ne réservant qu’un douzième pour être partagé entre ses héritiers directs. Puis il