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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Les Germains pratiquaient l’agriculture sur une assez vaste échelle, et si les Romains avaient à cet égard une opinion contraire, c’est qu’ils jugeaient uniquement au point de vue de la culture savante et perfectionnée de l’Italie. On donnait, il est vrai, peu de soins aux prairies et aux jardins ; mais la vaste étendue du territoire permettait de nourrir sans peine d’immenses troupeaux. Les pâturages, les pacages, les forêts étaient le plus souvent la propriété collective d’un ou de plusieurs villages. Quant aux terres arables, du moins pour les bourgades circonscrites, on répartissait, chaque année, entre les divers membres de la commune et suivant leurs droits respectifs, l’étendue de terrain que chacun d’eux était tenu de cultiver. Il n’existait pas de villes dans l’ancienne Germanie ; on n’y rencontrait que des bourgades de deux catégories : celles qu’enveloppait une enceinte, où les habitations se trouvaient agglomérées, et celles de culture, composées de métairies isolées.

Bien que toujours placées sous la tutelle de l’homme, les femmes étaient entourées de soins et de respect. D’ailleurs, les mœurs de la famille étaient sévères, la fidélité conjugale était strictement observée et l’on ne trouvait d’exemple de polygamie que parmi les chefs, désireux de se créer ainsi des alliances puissantes. Vêtues à peu près comme les hommes, les femmes présidaient aux soins intérieurs de la maison. Elles offraient aux convives la bière, l’hydromel ou le vin dans la corne de buffle incrustée d’ornements d’argent. Ces festins donnaient lieu à de bruyantes réjouissances où s’exaltait la violence de ces hommes de guerre. Ils s’y plaisaient à boire jusqu’à l’ivresse, à jouer jusqu’à leurs femmes, leurs enfants et leur propre personne, et ils terminaient fréquemment la fête par des mêlées sanglantes.

Les idées religieuses de ces peuples, produit d’une cosmogonie orientale, s’étaient modifiées selon les temps et les races. Les dieux de cette mythologie, considérés comme régulateurs de l’univers, non comme créateurs, ne furent d’abord que des personnifications des forces de la nature. Dépouillés peu à peu de leur pureté originelle, ils