Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
DIXIÈME SIÈCLE

rient, sa fille Théophanie pour l’héritier présomptif du trône d’Occident. Mal disposé pour Otton, Nicéphore maltraita les légats et les ambassadeurs, et pour punir le pape de l’avoir appelé Empereur des Grecs, il voulut que son patriarche Polyeucte fit en Italie acte de souveraineté spirituelle et érigeât Otrante en archevêché. Ces dédains blessèrent vivement Otton, qui se mit à ravager les territoires grecs de la Sicile. Les hostilités furent suspendues par le nouvel empereur byzantin, Jean Zimizcès, qui se prêta au mariage projeté. Théophanie apporta à la maison de Saxe ses droits sur la Calabre et la Pouille. Quelque temps après cette union, qui confirmait la prépondérance de l’empire germanique, Otton-le-Grand mourut à Memleben, en Thuringe, et fut enterré dans la cathédrale de Magdebourg, en 973.

Sous ce règne glorieux, les Hongrois avaient été repoussés, les Slaves soumis, les Danois, les Polonais, les Bohêmes convertis et rendus tributaires, les rois de France protégés contre leurs vassaux, l’Italie conquise ; à l’intérieur une apparence d’ordre et d’unité avait été établie : aucune nation n’était alors plus grande, plus prospère que le Saint Empire Romain Germanique.

Dès son avènement au trône, Otton II eut à combattre un soulèvement auquel prirent part Boleslas de Bohême, le duc de Bavière Henri, Micislas de Pologne et Harald de Danemark. Il parvint à les réduire, après une lutte mêlée de succès et de revers, et dont profita, pour tenter reprendre la Lorraine, le Karlovingien Lother, nouveau roi des Franks occidentaux.

Louis d’Outremer était mort en 954. Dédaignant d’usurper un titre qui ne devait rien ajouter à sa puissance, Hugues-le-Grand fit sacrer, à Reims, Lother, fils de Louis IV. Son frère cadet, Charles, ne reçut aucune part de l’héritage paternel. Cette première dérogation aux droits des fils puînés, empruntée à une loi récente sur la succession des fiefs, devint dès lors la règle de l’hérédité royale.

Chaque changement de règne apportait une province