soldats du Christ. Saint Bernard, rejetant sur les péchés des Croisés la honte de leurs revers, leur reprocha justement leurs brigandages, leurs rapines et leurs débauches.
Au retour de la Croisade, le concile de Beaugency-sur-Loire prononça la nullité du mariage de Louis VII et d’Éléonore, le 18 mars 1152. Éléonore, qui désirait ce divorce plus que son époux, rentra en possession de sa dot, se rendit de Beaugency à Poitiers, évitant avec peine divers prétendants qui voulaient l’épouser de force, et ne tarda pas à célébrer de nouvelles noces avec le jeune Henry Plantagenet, comte d’Anjou et duc de Normandie, qui allait succéder à Étienne sur le trône d’Angleterre (1154).
Ce premier roi de la famille des Plantagenets, tenait, du chef de sa mère et de son père, la Normandie, le Maine, la Touraine, l’Anjou, et, du chef de sa femme, duchesse d’Aquitaine, la Gascogne, le Poitou, et la suzeraineté sur l’Aunis, la Saintonge, l’Angoumois, la Marche, l’Auvergne et le Périgord. Il réunit bientôt à ces possessions le duché de Bretagne, et se trouva maître d’environ quarante-six ou quarante-sept départements de la France actuelle ; le roi, son suzerain, en possédait à peine vingt.
Les ressources de Louis VII, prince faible et inintelligent, déjà diminuées par d’éclatantes disgrâces, semblaient bien restreintes, comparées à celles de ce vassal actif, tenace, qui avait encore sur le roi de France l’avantage de posséder une sorte d’armée permanente, composée d’aventuriers brabançons, de cotereaux et de routiers, mercenaires toujours prêts à combattre, tandis que les troupes féodales se retiraient après une campagne de quarante jours. Si la nouvelle monarchie française échappa à l’absorption que présageait cette double supériorité du talent et de la force, c’est parce qu’elle fut protégée par les discordes intérieures qui déchirèrent la royauté d’Angleterre, et surtout par le lien féodal dont le respect s’imposait à tout feudataire comme étant l’unique sauvegarde de son autorité propre à l’égard de ses vassaux immédiats.