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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/263

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TREIZIÈME SIÈCLE

dans une lutte contre l’étranger. Après cette grande bataille, l’empereur Otton vaincu perdit dans ses États presque toute son autorité, fort ébranlée déjà par l’excommunication dont il était frappé. Frédéric de Sicile, que le pape avait fait proclamer par les ducs d’Allemagne, n’eut qu’à paraître pour l’emporter sur son rival qui se soutint à peine sur ses terres patrimoniales, où il mourut au bout de quatre ans (1218).

De même qu’il s’était soumis, pour monter au trône, à toutes les exigences d’Innocent III, Frédéric II accabla de promesses le nouveau pontife Honorius III (1216), qui lui donna la couronne impériale. Quant à Jean-sans-Terre, battu partout et forcé de solliciter une trève de cinq ans, il retourna en Angleterre, où il trouva ses barons soulevés. Ceux-ci avaient formé une ligue pour obtenir la mise en vigueur de la Charte de Henry Ier et les lois de saint Edward. Accompagnés de leurs hommes d’armes, ils vinrent présenter leur supplique au roi, qui promit d’abord, gagna du temps, et, finalement refusa. Les barons marchèrent sur Londres avec une armée considérable, y entrèrent aux acclamations du peuple, ravagèrent les parcs et les palais royaux, et reçurent alors de sérieuses propositions d’arrangement.

Le 19 juin 1215, dans la plaine de Runny-Mead, entre Windsor et Staine, Jean-sans-Terre signa et scella une sorte de constitution rudimentaire, considérée comme la base fondamentale des libertés anglaises, et à laquelle on a donné le nom de Grande Charte. Par les stipulations les plus importantes de cet acte, qui n’était réellement favorable qu’au clergé, à la noblesse et à la bourgeoisie émancipée, le roi s’engageait à ne plus dépouiller les mineurs et les veuves placés sous sa tutelle, à ne plus rançonner, emprisonner, mutiler ou tuer les francs-tenanciers et les marchands sans le jugement de douze de leurs pairs, à ne plus lever de subsides sans l’approbation du Conseil commun du royaume. Une seule clause, en faveur des cultivateurs et surtout de leurs maîtres, statuait que nul vilain ne pourrait, pour l’acquit d’une amende, être dépossédé de son instrument de