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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/275

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TREIZIÈME SIÈCLE

grès intellectuel dans les poésies des Minnesaenger, ou chanteurs d’amour, écrites dans une langue populaire, riche et harmonieuse. Les disputes théologiques engendrèrent de nombreux ouvrages de philosophie scolastique, que l’Église toléra. Quelques docteurs furent même considérés comme des colonnes de la Papauté et les opinions d’Albert de Bollstaed, dit le Grand, le plus illustre savant de l’Allemagne à cette époque, eurent parfois autant d’autorité que les paroles de l’Écriture sainte.

L’influence exercée en Germanie par les Croisades fut tout à l’avantage de l’Ordre teutonique, dont le quatrième grand-maître, Herrmann de Salza, fut élevé par Frédéric au rang de prince de l’Empire. Cet Ordre, fondé d’abord pour donner des soins aux pèlerins malades et pour combattre les Sarrasins, reçut une autre destination dès qu’il eût abandonné la Terre-Sainte. Les chevaliers furent employés à la conquête et à la conversion des Prussiens, peuple idolâtre établi entre le Niémen et la Vistule, dont l’histoire est peu connue, quoiqu’il ait donné son nom à un État de l’Europe moderne. L’Ordre Teutonique entreprit d’envahir la Prusse vers 1230, et se trouva maître, au bout de sept ans, de tout le territoire qui s’étend sur les rives de la Vistule inférieure et sur la côte que baigne le Frische-Haff. Il s’assura la possession du pays conquis par la destruction d’une grande partie de la population et par l’érection de forteresses, telles que Thorn, Khulm et Kœnigsberg. Par sa réunion avec les chevaliers porte-glaives de Livonie, nommés aussi les Frères de l’épée, l’Ordre Teutonique, ayant doublé ses forces, étendit sa puissance jusque dans la Russie actuelle et fit de Marienbourg sa capitale. Ses grands-maîtres, dont l’autorité fut longtemps prépondérante dans le nord de l’Europe, régnèrent sur l’Esthonie, la Livonie, la Courlande et sur toute l’ancienne Prusse, presque entièrement repeuplée de Germains, et qui perdit jusqu’au souvenir de son origine.

La croisade des chevaliers Teutoniques avait atteint son but, comme la croisade contre les Albigeois, comme toutes les croisades entreprises en Occident. Celle que