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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

de la Péninsule rendirent tellement critique la situation du wali de Grenade, Alahmar, qu’il mit son royaume sous la protection de saint Ferdinand dont il se reconnut le vassal (1246). Le roi de Castille reçut l’hommage du Maure avec la ville de Jaen, et, suivi de toutes ses forces, alla camper sous les murs de Séville, devenue la plus importante cité de l’Empire musulman, depuis la chute des Ommyades. Bloquée sur les deux rives du Guadalquivir par la flotte espagnole, qui avait forcé l’entrée du fleuve sous les ordres de l’amiral Ramon Bonifaz, enfermée dans ses murailles par les nombreuses troupes que commandait Alvaro Perez de Castro, Séville dut subir une dure capitulation après dix-huit mois de siége (1248). Les habitants, comme ceux de Cordoue, furent obligés d’abandonner le pays, n’ayant le droit d’emporter que leurs valeurs mobilières. Trois cent mille personnes sortirent ainsi de la ville conquise et se réfugièrent pour la plupart dans le royaume de Grenade. Saint Ferdinand partagea tout ce territoire entre ses chevaliers et ses moines et occupa rapidement les villes de Xeres, Arcos, Médina-Sidonia, San-Lucar et Cadiz (1250). Il mourut en 1252, et laissa la couronne à son fils Alphonse X, qui incorpora dans ses domaines le comté de Niebla (1259) et la province de Murcie (1266).

La réunion des Algarves donna en 1270 au Portugal les limites qu’il n’a jamais dépassées, et les musulmans se trouvèrent renfermés dans la province de Grenade, où Aben-Alahmar et ses successeurs surent se maintenir avec autant d’énergie que d’habileté. « Depuis saint Ferdinand et Jayme d’Aragon, dit Louis Viardot, l’histoire des royaumes Espagnols devint celle de la Péninsule, et l’histoire de Grenade n’en fut qu’un épisode. » Dès lors, les rois chrétiens semblèrent oublier la présence des Maures pour se mêler aux affaires générales de l’Europe. Pierre III, fils de Jayme le Conquérant, accepta la Sicile que lui offrirent Procida et ses conjurés, après les Vêpres Siciliennes. Son successeur Jayme ou Jacques II, renonça à cette possession par le traité d’Agnani, mais un prince de sa famille fut de