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TREIZIÈME SIÈCLE

vers l’Égypte, persuadés que la conquête de ce royaume musulman pouvait seule assurer la possession de la Palestine. La flotte française jeta l’ancre devant la ville de Damiette, située à une demi-lieue de la mer, entre deux bras du Nil. Sur le rivage se développait l’armée musulmane commandée par le sultan Malek-Saleh. Les Croisés commencèrent aussitôt l’attaque au cri de Montjoie et Saint-Denys ! L’un des premiers, Louis se précipita de son vaisseau, ayant de l’eau jusqu’aux épaules, gagna la terre et s’élança en avant « l’écu au cou, le heaume en tête, le glaive au poing, et onques on ne vit si bel homme, car il paraissait par dessus tous, depuis les épaules en amont. »

Après une furieuse mêlée, les Égyptiens se replièrent sur la ville qu’ils incendièrent. On parvint cependant à se rendre maître des flammes ; le roi, les princes, les chevaliers traversèrent pieds nus la cité conquise et se rendirent à la mosquée pour remercier Dieu.

Il eut fallu marcher sans retard sur le Kaire, avant le débordement du Nil ; mais des lenteurs compromirent ce premier succès et les vainqueurs passèrent à Damiette plus de cinq mois dans l’inaction. Ils s’abandonnèrent à tous les excès. Le jeu, le vin, les femmes captives épuisèrent leur ferveur religieuse. L’arrivée du comte de Poitiers, qui amenait des renforts, mit fin, au mois de novembre 1249, à cette longue orgie. On se dirigea vers le Kaire et on perdit un mois à trouver un gué pour passer le canal d’Aschmoun. Le comte d’Artois, l’ayant traversé le premier, suivi d’un trop petit nombre de chevaliers, poursuivit imprudemment un gros d’Égyptiens jusque dans la ville de Mansourâh, où il se trouva tout à coup enfermé par une foule d’ennemis. Robert d’Artois périt avec toute sa troupe, et les musulmans revinrent sur l’armée royale. Deux jours de bataille les mirent en pleine déroute, mais la victoire avait coûté cher, et les Croisés déjà diminués de moitié, furent bientôt décimés par la disette, le scorbut et la peste. Il fallut reculer, repasser le Thanis et soutenir les continuelles attaques des Sarrasins, ramenés par le nouveau sultan Malek-